Royan tombée par terre, c'est la faute à la guerre, aurait pu chanter un gavroche royannais, grimpé sur les ruines de sa ville écroulée. Dans la nuit du 5 janvier 1945, 350 bombardiers anglais ont anéanti la cité. Pourquoi ? Le mystère s'éclaircit. Ce bombardement est une des péripéties, la plus tragique, de l'histoire invraisemblable de la «poche de Royan». En septembre 1944, les troupes allemandes en plein repli, s'enferment dans Royan, forteresse du mur de l'Atlantique, avec l'ordre de tenir jusqu'au bout. Commence alors un improbable huis clos entre les occupants dont le moral s'effiloche, les civils, s'appliquant à survivre, les résistants de l'intérieur et les FFI, dont certains éléments sont incontrôlables. Lorsque le haut commandement s'en mêle, il s'emmêle. Malchance et négligences s'accumulent et les opérations prévues tournent à la catastrophe inutile. L'histoire s'achève en avril 1945, à quelques semaines de la reddition de l'Allemagne, par une libération tonitruante qui permet l'expérimentation des premières bombes au napalm. Ultime avatar, le pillage de la ville par certains libérateurs, nettoyant la poche avec trop de zèle. Pendant ces quelques mois, beaucoup d'habitants de cette «zone rouge» firent preuve de courage et de solidarité, de patience, d'ingéniosité et parfois même d'un certain sens de l'humour, bien que la liste des morts s'allongeât. Ce récit leur rend hommage.