Le choc est rude, le 23 juin 1940, lorsque les troupes allemandes pénètrent dans Royan. Choc de la défaite pour la population locale sidérée, choc des univers, entre la station balnéaire paisible et la Wehrmacht triomphante. Les plages « du beau temps » vibrent soudain sous le martèlement des bottes et résonnent de chants guerriers. Pendant l'été 1940, Royannais et occupants se bercent d'illusions, mais la terrible réalité de l'Occupation va rapidement envahir le quotidien : le poids de la présence ennemie, de plus en plus menaçante, les restrictions, la répression croissante contre les communistes, les francs-maçons, les Juifs et les résistants. Les Royannais se divisent, entre partisans et adversaires de la collaboration. Celle-ci s'incarne dans la politique de Vichy et dans quelques manifestations minoritaires. La lutte s'engage avec la Résistance qui se développe en Presqu'île d'Arvert. Des hommes et des femmes risquent leur vie, la perdent parfois. La partie se joue sur fond de construction du Mur de l'Atlantique, dont Royan est une forteresse et dont les Royannais sont les bâtisseurs, corvéables à merci. Pendant cinq années, la guerre est là, sans y être, surgissant brutalement dans un monde qui se dérobe. Patrouilles, couvre-feu, arrestations, déportations, ami ou ennemi, la vie se complique. Cette guerre qui saisit les cœurs, nos grands-parents et parents l'ont vécue. Le récit de leurs misères, de leur grandeur et de leurs sautes d'humour, pour conjurer l'horreur, nous accompagne et nous guide, à l'heure où s'éloigne l'idée d'une trève illimitée entre les hommes.